La Route des Grandes Alpes, farniente, vacances plaisir, avec 17000 mètres de dénivelés positifs, 16 cols à franchir et près de 700 kilomètres de lacets, cela peut impressionner. Cette route des cimes relie Thonon-les-Bains à Nice, le Lac Léman à la Méditerranée. Elle est née il y a cent ans à l’initiative du Touring club de France pour développer le tourisme automobile à peine naissant.
A bord d’une 2CV, le réalisateur Pierre Belet renoue avec cet esprit pionnier des débuts pour refaire cet itinéraire de montagnards et partir à la rencontre d’une France en vacances en quête d’authenticité, de terroirs et d’histoires vraies. Des randonneurs, des alpinistes, des bergers, des fans du tour de France, des gardiens de refuge...à chaque virage son histoire.
Un road movie alpestre et franchouillard où autochtones et touristes tentent de trouver leur recette du bonheur, là-haut, l’été, dans nos alpages.
Tout démarre il y a cent ans, lorsque le Touring Club de France, créé à l’origine pour promouvoir le tourisme à bicyclette, se met à encourager le tourisme automobile. Mais pour ce nouveau véhicule, tout est à faire : les routes bien sûr, mais aussi la signalisation, les tables d’orientation, les panneaux touristiques et même le confort des auberges qu’il faut imposer.
La route des Grandes Alpes se dessine peu à peu au fil de ces chantiers en haute altitude qui goudronnent les sentiers de muletiers et finissent par relier le Lac Léman à la Méditerranée, Thonon-les-Bains à Menton. Le col de l’Iseran, situé à 2770 mètres d’altitude, n’est achevé qu’en 1937. Il est inauguré en grande pompe par le Président Albert Lebrun.
La Route des Grandes Alpes devient alors la route la plus haute d’Europe, qui, dans ces années de tensions, procure une fierté cocardière.
Au total, c’est une traversée des cimes de 684 kilomètres, avec plus de 16 cols à franchir et quelques 17 000 mètres de dénivelés positifs. Un itinéraire des nuages qui traverse pas moins de trois parcs nationaux, la Vanoise, les Ecrins et le Mercantour.
Réservée dans un premier temps à une élite sociale, cette route s’ouvre petit à petit au plus grand nombre avec la naissance des congés payés, puis avec l’époque des Trente Glorieuses et l’apparition des voitures populaires telles que la 4CV, la 2CV, la Dauphine ou encore la Coccinelle.
La route des Grandes Alpes colle à son siècle : celui de l’aventure du tourisme avec lequel elle naît et grandit, celui des pionniers de l’alpinisme qui profitent de cette proximité nouvelle pour conquérir de nouveaux sommets, celui enfin du Tour de France et de ses courses légendaires qui rendent ses cols alpins si familiers à des millions de téléspectateurs à travers le monde.
Chaque virage est une épopée, une histoire.
Refaire la Route des Grandes Alpes aujourd’hui, c’est tenter de renouer avec cet esprit de pionnier et de découverte. C’est surtout retrouver la route des vacances et des plaisirs simples. Finies les années bling bling, la frénésie des destinations lointaines clés en main.
La tendance serait au retour de l’authentique, au terroir, aux histoires vraies, et la route des Grandes Alpes, incarne cette quête.
Encombrée de visiteurs et de randonneurs, ce voyage ressemble à une immense kermesse drôle et bon enfant jalonnée de rencontres indélébiles, de personnages hauts en couleurs, passionnés et militants, convaincus de leur recette du bonheur.
Une route marquée aussi par ses paysages hors normes et ses reliefs imposants auxquels il faut ajouter la quatrième dimension du souvenir. Peut-être parce que les plus beaux périples sont ceux qui voyagent autant dans l’espace que dans le temps.
Une route donc où chacun se retrouve dans ce patrimoine commun et cette mémoire collective.
Bref, une route qui sent bon la France, celle que l’on aime, débarrassée de ses angoisses, positive et réconciliante.
Pour faire la route des Grandes Alpes, il fallait un véhicule qui lui ressemble. Un véhicule du siècle qui permette à la fois d’être dans la notion de défi tout en jouissant du plaisir d’une ballade, joyeuse et épicurienne.
La 2CV est apparue comme une évidence.
Elle a presque traversé le XXe siècle sans jamais être démodée. Elle offre un capital sympathie immédiat qui renforce la légèreté espiègle du film et de ce périple parti à la rencontre de cette « douce France ».
Elle sera un véritable personnage du film apportant les incertitudes du voyages et donc son propre suspense.
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Et parfois, même au début de l'été, les congères sont encore présentes de chaque côté de la Route, souvent nous l'avons vécu au Col de l'Iseran...